Techniques permacoles

La permaculture

J’entends (et je lis) trop souvent des personnes réduisant la permaculture à une technique potagère. Mais, non, non et non !! La permaculture est plutôt un concept, une approche, une philosophie de vie globale, holistique, englobant la terre, l’être humain, les intéractions terre/humains, intrapersonnelles (introspection, relation de soi à soi) et intrapersonnelles (intéractions avec les autres personnes) et une organisation sociétale. Donc, quand je parle de techniques « au jardin », je préfère utiliser le terme « permacole », plus adapté à mon sens et évitant la réduction du terme « permaculture » au jardin.

Aussi, je rejoins totalement Franck Nathié quand il dit qu’avant de prendre soin de notre Eden, notre paradis, extérieur (notre jardin, notre lieu de vie, la Terre), il est promordial de prendre prioritairement soin de son Eden intérieur !! Comment créer un monde bienveillant, si je ne développe pas cette bienveillance en moi et ne me l’offre pas ? Cela renvoie à la permaculture humaine.

« Sois le changement que tu veux voir dans ce monde »

Gandhi

Maintenant que ça c’est posé, revenons aux Techniques permacoles

Nombreux articles, livres, vidéos, discours sur des techniques dites « permacoles » demandant beaucoup de travail (humain et de la terre), sont couteuses et souvent inutiles ou en tous cas pas essentielles !!

Beaucoup de personnes découvrant la permaculture au jardin se sentent perdues, ne savent pas quelles méthodes choisir, se demandent « quelle méthode répond à la ‘vraie’ permaculture », se lancent souvent tête baissée dans des aménagements couteux en argent et en énergie humaine et sont parfois déçues. Quelques une de ces personnes me contactent pour avoir des conseils, des avis, me soumettant leurs projets au potager.

La permaculture au jardin ne demande pas d’investissement couteux, ni une tonne de travail ! Le plus « gros » travail de la permaculture est au moment de la reflexion du projet : prendre le temps d’observer son terrain (les ombres, la faune, la flore, la pluviométrie etc), les chemins qu’on y emprunte naturellement…

La permaculture est simple, de « bon sens » et demande, peut être, quelques connaissances basiques en agroécologie.

Les principes permacoles de base

  • AUCUN TRAVAIL de la TERRE : pas de bêchage, pas de labour, pas de décaissement, même pas besoin d’oter les herbes pour préparer ses espaces de culture : on ne retourne pas la terre. Si besoin, on peut l’aérer avec une grelinette ou une simple fourche. Rien qui modifie le biotope de la terre, sauf si indispensable et justifié. La terre abrite toute une vie : vers, insectes, bactéries, champignons, et nombreux autres y vivent et décomposent les matières organiques pour aérer le sol.
  • JAMAIS DE TERRE A NUE : couvrir le sol avec de la paille, du foin, des feuilles mortes, de la tonte d’herbe… Ce mulch permet de préserver l’humidité de la terre (moins, voir pas, d’arrosage) et limite la pousse des herbes indésirables (y a juste à tirer dessus à la main pour désherber). Une couverture végétale permet de protéger la vie de la terre et sa fertilité.
  • SEMER, PLANTER, CULTIVER : On seme les graines à même le paillis (à condition qu’il soit suffisamment fin) ou sur la terre en griffant légèrement le paillis à l’aide d’une griffe manuelle par exemple ou avec les doigts. Quand les semences ont commencé à germer, on ajoute une légère couche de paillage par-dessus.
    Si on achète des plants ou prépare ses semis en intérieur (rebord de fenêtre de la maison ou serre à semis), une fois qu’ils sont prêts à être au jardin, ils sont repiqués en pleine terre et leurs pieds sont recouverts de paillis. Une fois que c’est suffisamment grand : bonne couche de paille (env 40cm)
  • ASSOCIATION DES PLANTES/FRUITS (GUILDE) : Placer des variétés de végétaux entre eux de façon stratégique, en fonction de leurs besoins, leurs maladies et parasites. Ainsi, les tomates plantées avec les salades leur offrent de l’ombre, tout en permettant d’optimiser l’espace disponible.
    On peut aussi semer et planter à la « dérobée » : un légume sera petit quand l’autre à côté aura besoin de place. Le petit profitera du l’ombre du plus grand. Le premier sera récolté quand le second aura besoin de place et de plus de soleil, par exemple.
  • ALTERNANCE DES CULTURES : On oublie les grandes planches à monoculture. Sur une planche, on mélange plusieurs légumes ou fruits (mais pas trop non plus ! Une diversité raisonnée et logique). Cela aide à lutter contre l’appauvrissement des sols et permet de limiter les maladies.
    On peut continuer une « rotation » des cultures : changer de place chaque année les légumes et fruits. Perso, je ne le fais quasiment plus depuis 3 ans. Dans la nature sauvage, personne ne vient créer une rotation…. hein ?! Si elle doit se faire, elle se fait naturellement. J’aspire à laisser mes légumes se resemer en laissant certains monter en graines…. et je développe un potager perpétuel.
  • ZERO PRODUIT PHYTOSANITAIRE : Protéger la microfaune !! Puis si c’est pour manger des légumes avec insecticides et herbicides, autant aller en grandes surfaces…
    Pour l’engrais : on peut réaliser son propre compost à l’aide de déchets du jardin et/ou ménagers et des toilettes sèches (puis ça vous évitera d’utiliser de l’eau pour vos pipis et cacas).
    Pour remplacer l’herbicide : huile de coude avec désherbage manuel là où il s’avère indispensable. Le paillage épais limite considérablement aux cultures d’être envahi et facilie grandement le désherbe ; la terre restant humlide, meuble et aérée, y a juste à tirer dessus. Puis clairement, j’ai souvent de ces dites mauvaises herbes au milieu de mes légumes et mes légumes poussent très bien !
    Pour les insectes « nuisibles » : poules ou des canards et favoriser la présence d’insectes auxiliaires se nourrissant des nuisibles, via la création d’une biodiversité.
  • BIODIVERSITE : créer des abris « naturel » pour la faune (tas de bois, tas de pierres, une mare… etc), planter des fleurs mellifères et maintenir un écosystème varié (haies, arbres, herbes hautes…) afin d’attirer les insectes pollinisateurs et la petite faune au potager.
  • GESTION DE L’EAU : récupérer et recycler les eaux de pluie et de ruissellement pour arroser le jardin quand c’est indispensable.
  • PATIENCE : Penser à la conception de son jardin en permaculture demande du temps, notamment beaucoup d’observation de la nature (la vie sur son terrain, faune et flore), les espaces ombragés et ensoleillé et comment je m’approprie le lieu (les chemins que j’emprunte naturellement etc) et quels sont mes besoins alimentaires. C’est ce qui va permettre de concevoir les plans. Mais ensuite, s’il a été bien pensé et conçu, les travaux d’entretien et de culture sont considérablement réduits, ainsi que les dépenses (pas besoin de pleins d’outils couteux). Et le temps que l’écosystème crée s’auto-équilibre…. Laisser la Nature faire son oeuvre…
cette année : tout est paillé ; planches et allées

Buttes ? Types de buttes ?

Pour beaucoup, permaculture = culture sur buttes. C’est faux !! Il est possible de choisir de cultiver sur buttes, mais ce n’est pas une « obligation ».

Toutes les techniques respectant ces principes de bases sont permacoles. A chacun de choisir la/les techniques répondant à ses besoins (humains) et adaptées à sa terre.

Il existe aussi différents types de buttes (type colibris, lasagne, avec bois dedans, sans bois etc etc).

Perso, quand j’ai débuté sur ce lieu, y a quasi 10 ans, j’ai découvert la culture sur buttes (mes articles Permaculture sur buttes : pourquoi ? et Buttes : conception et plans) et j’ai voulu tester, principalement pour ménager mon dos.

J’ai créer des buttes style « petit colibris » : une allée de 60cm de large creusée sur 45/50cm de profondeur, la terre de l’allée étant mise sur la butte, créant ainsi une butte assez haute et bien arrondie (si butte, elles doivent être arrondie. C’est pas un plat surélevé qu’on crée, l’arrondi permet la création d’un micro-climat et des profondeurs de terre selon les plantations etc), avec des planches de bois et des piquets posés sur les tranches des buttes pour tenir la terre afin que la butte ne finisse pas par s’éffondrer dans les allées.

Mes buttes ont données énormément dès la 1ere année et durant 7 ans. Je les compostais tous les ans avec le composte de mes toilettes sèches, et elles étaient évidemment couvertes avec pailles et tontes d’herbe en bonne épaisseur toute l’année.

Y a 5 ans, j’ai rajouté un potager mandala, fait plutôt en style « lasagnes » : tout simplement une alternance tonte d’herbe/paille/tonte/paille (chaque couche d’environ 40cm), j’avais ni l’énergie ni le temps de creuser…. Je devais aller au plus simple et rapide pour planter directement (le mandala a été fait en mai et directement on y plantait).

S’en est suivi 3 années de sècheresse intense (on était, en Creuse, en vigilance sècheresse d’avril à octobre). J’ai remarqué que mon mandala en type lasagne gardait l’humidité ++ et les plantes prospéraient et produisaient, tandis que dans mes buttes, ça faisait la tronche et la terre était sèche et dure, malgré un paillage très épais. (je rappelle que je n’arrose pas, seulement une fois au moment de la plantation ou semis, et au pire 2 à 3 fois dans la saison, si vraiment ça fait la tronche).

En prime, les buttes hautes proposant comme avantage le confort du dos du jardinier, bah moi qui est une malformation congénital des vertèbres, je n’ai pas aimé cultiver sur buttes et j’ai eu bien plus mal au dos. Perso, j’aime (et mon dos aussi) planter, désherber et récolter assise ou à genou au sol, en contact avec la terre. Alors avec les buttes, pas moyens, à moins d’avoir le bas de la butte à hauteur de mon nez 😉 Devoir me pencher un peu pour travailler le sommet de la butte, me demandait un effort des reins (je rappelle : on ne marche pas sur les buttes = tassage de la terre). Et les enfants étaient limités pour participer, ils étaient trop petits par rapport à la hauteur de la butte.

Alors, en avril 2021, j’ai décidé de virer ces buttes et tout faire en style lasagne (sans les branchages, hein, juste tonte/paille/tonte/paille… ) J’ai rempli les allées des « déchets » du jardin (les « mauvaises herbes arrachées) et de foin et de la terre retirée des buttes. Bon, je savais qu’en « détruisant » mes buttes, en otant la terre du dessus, j’allais « casser » l’écosystème de ma terre. Le temps, un bon mulch et compostage avec les toilettes sèches allait aider à rétablir.

Puis, ensuite, j’ai agrandi le potager, en ajoutant 7 buttes style lasagne à mes 2,5 buttes existantes (en supprimant le mandala, qui n’était pas pratique : les formes géométriques, c’est beau, mais pas fonctionnel !). ça m’a pris une après midi…. Délimiter avec des cordeaux (j’ai gardé les dimensions de mes buttes colibris qui me vont bien, et sur lesquelles j’ai mes habitudes d’associations et de culture à la dérobée – 1,80m de large sur mes 14m de long), puis entasser tonte/paille/tonte/paille directement sur l’herbe de prairie… Cela ne m’a demandé que de la manutention de paille et de tonte d’herbe….

Je n’avais pas pu aplanir totalement mes buttes colibris, car il y avait encore des cultures dedans. Cette année, j’ai choisi de les laisser en jachère, afin qu’elles se reposent et se refassent bien. Donc mulch +++++ et engrais vert (dont fèves et haricots : autant que la jachère nous nourisse).

Je vois aussi bcp de personnes fabriquer des cadres en bois pour faire comme des grandes jardinières posées au sol : heu, ça sert à quoi ? Autant délimiter avec un cordeau et alterner tonte/paille/tonte/paille (que paille, si pas encore de tonte et ajouter de la tonte +++ quand ce sera la saison de la tonte. Paille = apport en carbone, tonte = apport d’azote) direcement sur l’herbe et laisser le travail de la terre et microfaune se faire tout seul. Si vous voulez matérialiser votre carré : une planche de bois posée au sol qui en prime vous sert de chemin ou une ficelle tendue entre deux bouts de bois plantés…. etc Toutes ces dépenses et le travail pour construire ces cadres n’a pas d’utilité. Puis clairement, en entretien, c’est pas pratique, du tout, quand l’herbe pousse contre le cadre, la tondeuse n’y va pas… 😉 C’est comme ces grandes jardinières posées sur pieds pour faire des planches de cultures surélevées : beaucoup de travail, de l’argent et des inconvénients de culture : demande beaucoup d’eau, profondeur du sol médiocre empêchant une bon enracinement et donc un mal être pour la plante qui sera moins productive, la vie de la terre hyper plus réduite…. etc. Pour moi, tout cela, c ‘est du non-sens…. Techniques pourtant vantées dans d’innombrables livres et sites soit disant « permaculture »….. La « permaculture » est devenue un effet de mode… Désolé, mais ça relève plus du potager « kitch » et « tape à l’oeil’ que du potager simple, rustique, péren et efficace…. et NOURRICIER.

L’objectif d’un jardin nourricier, qu’on vise l’autonomie alimentaire ou pas, c’est tout de même qu’il soit :

  • peu cher (voir gratuit) à mettre en place et à entrenir
  • simple et rapide à mettre en place et à cultiver/entretenir afin de préserver l’énergie humaine (l’humain fait partie intégrante de l’écosystème)
  • productif et répondant à nos besoins alimentaire

Et deux vidéos de Rémi Kulik du Jardin d’émerveille en partage :

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